vendredi 27 décembre 2013

Messe de mi-cuit


Il est un certain jour de l'année où l'on consacre, dans nos contrées, tout à la fois les arts de la table et ceux de l'étable. 
À minuit tapante, repus voire titubants, d'aucuns vont écouter la messe en quelque lieu de culte, ouvert - à l'heure des ténèbres - en cette exceptionnelle occasion.
Lilith, qui ne rate pas une fête, aime aussi quand Jésus crie. 
Cette nuit-là, elle jeta son dévolu sur l'église Saint-Merry qui ne l'avait, jusque ici, jamais déçue. Il s'y cachait une plaque miraculeuse, capable de revigorer le moral de tout athée atteint de sinistrose. De celles devant lesquelles on se plaît à rêver, aux temps - aujourd'hui, semble-t-il, révolus - où les révolutionnaires bouffaient volontiers du curé. 
Mais elle avait disparu...
Descellée à l'occasion de travaux de rénovation, elle ne retrouva pas sa place, au détriment de tous ceux qui venaient prier pour les martyrs de la révolution.
Dépitée, Lilith erra dans un Paris qui se plaît à dissoudre son histoire dans le présent éternel, quand, à l'approche de la place de la République, un temple, face à la bouche de métro du même nom, lui tendit les bras. 
Sans grande conviction, elle entra quand même. 
C'est alors que le bienheureux Georges Girault l'accueillit, et lui offrit - enfin - la récompense de ses transports nocturnes. En rentrant chez elle, du pas léger de ceux ayant obtenu l'absolution, elle se dit que si, décidément, les cathos déconnent, heureusement, on peut encore compter sur les protestants pour assurer la postérité des massacreurs du passé.


                                                                           photographie : Lilith Jaywalker

jeudi 12 décembre 2013

La Chingada

La Vérité, Jules Joseph Lefebvre, 1870.

" … Alors tout s’expliquait ; cette abominable gaupe, c’était la vérité. Comme elle était avachie ! il est vrai que les hommes se la repassent depuis tant de siècles ! au fait, quoi d’étonnant ? La vérité n’est-elle pas la grande Roulure de l’esprit, la Trainée de l’âme ? Dieu seul en effet sait si, depuis la genèse, celle-là s’est bruyamment galvaudée avec les premiers venus ! artistes et papes, cambrousiers et rois, tous l’avaient possédée et chacun avait acquis l’assurance qu’il la détenait à soi seul et fournissait, au moindre doute, des arguments sans réplique, des preuves irréfutables, décisives. Surnaturelle pour les uns, terrestre pour les autres, elle semait indifféremment la conviction dans la Mésopotamie des âmes élevées et dans la Sologne spirituelle des idiots ; elle caressait chacun, suivant son tempérament, suivant ses illusions et ses manies, suivant son âge, s’offrait à sa concupiscence de certitude, dans toutes les postures, sur toutes les faces, au choix. Il n’y a pas à dire, elle a l’air faux comme un jeton, conclut Jacques."


 J.K. Huysmans, En rade.

jeudi 5 décembre 2013

Vivre et laisser vomir

Camille Claudel, L'âge mûr.
La jeunesse, c'est la vieillesse toujours prête devant l'état du monde, et jusqu'à son dernier souffle, à faire profession d'effroi…

jeudi 28 novembre 2013

Par-delà le bien et le mâle

Bobby masturbating, par Nan Golding (New York City, 1980).

Dans un monde réellement inverti, le bien est un moment du mâle.

mercredi 20 novembre 2013

Repos hivernal de vos pelouses


Les règles de base :

Veillez à ce que la surface à engazonner soit bien plane, sans trous ni dénivellations ; réfléchissez avant de l'habiller de massifs, d'arbres et d'éléments décoratifs, car pendant environ trente semaines par an, vous devrez contourner ces obstacles en tondant ! Choisissez le bon mélange de graines et respectez le programme d'entretien de la pelouse …

L'hiver, laissez-la au repos, et n'oubliez pas qu'une belle pelouse procure non seulement de la fierté et du plaisir, mais qu'elle peut aussi supporter la vie quotidienne, à l'exception des activités sportives, football et autres jeux... 
Si vous la traversez toujours selon la même trajectoire, prévoyez une petite allée ou un pas japonais pour la ménager. Et avant  de commencer les travaux, étudiez la question de l'arrosage automatique…      

vendredi 15 novembre 2013

Allez l'Ukraine !

 
  
Pour que finisse, avant même de commencer, la litanie chauvino-xénophobe des idolâtres des Bleus (couleur des zombies de la royauté), 

Pour que l'intelligence ne soit pas, chaque jour, insultée par ces décérébrés tournant en rond dans les stades comme des hamsters affolés dans leur cage, les joues pleines à craquer du fric qu'ils ne savent plus où planquer,
 
Pour ne pas vomir dès à présent l'année à venir quand la nausée retourne déjà l'estomac d'une Lilith révoltée,
     
Que ce soir, l'Ukraine triomphe et remporte loin avec elle les scories puantes des victoires nationales ! 
 
Alors enfin, l'Anti France vaincra !

jeudi 7 novembre 2013

Onirico



Après la grande foire aux artistes incontinents, Lilith manquait d'air. Mais le temps lui manquant pour hanter ses musées préférés, c'est sur la toile qu'au détour d'une recherche, elle est tombée sur un diaporama incantatoire qui lui fit reprendre vie : la balade éclectique, suivant le cours des siècles jusqu'à nos jours, d'un certain Polichinela Azul (rien à voir avec notre vénéré moine) laissant néanmoins paraître un goût certain pour le symbolisme. Vladimir Tretchikoff, Santiago Caruso, Hon John Collier, Paul Delvaux, Joachim Wtewael, Alfred Kubin, Rossetti, Gustave Doré, Elihu Vedder, Steven Kenny et tant d'autres... 
10 minutes et quelque 41 secondes de plaisir.

samedi 26 octobre 2013

FIAC lux !

Le spécialiste de la voiture accidentée, exposant à Beaubourg et - en ce moment - à la FIAC.
  « Mon luxe est de faire croire que je ne fais rien. »
(l'artiste Bertrand Lavier)

  - Mais si, mon petit Bébert : tu fais de la merde !

mercredi 23 octobre 2013

La liberté, c'est l'esclavage !


 

" Je peux employer la moitié de la classe ouvrière à massacrer l'autre."
 (Jason Jay Gould, 
financier et spéculateur américain du 19ème siècle).

jeudi 17 octobre 2013

Jouir après jouir, la mélancolie s'installe.

Nan Goldin, Nan and Brian in bed, New York City, 1983.



samedi 12 octobre 2013

Faire-part (de tarte)

                      

Lilith a l'immodéré plaisir, et la non moins grande satisfaction, d'annoncer la naissance de ses nouvelles soeurs de sens en contrée belge, plat pays et terre de tous les séismes...


Communiqué des Liliths et de l’entarteur Noël Godin

Vendredi 11 octobre 2013 à 19h au Collège Saint-Michel à Bruxelles, lors de la rencontre européenne des jeunes actifs catholiques au collège Saint-Michel, un chant féministe entonné par une dizaine de pétroleuses a soudain interrompu l’intervention de Christine Boutin. Quatre ex-Femen belges, rebaptisées aujourd’hui les Liliths, se sont aussitôt précipitées sur la scène seins nus, leurs corps arborant des slogans colorés : 

« Caca Boutin ! »
« God Save the Queer »
« Vive les pédés ! »
« Touche pas à mon IVG  »

Elles ont enlacé burlesquement la porte-parole de l’intégrisme homophobe et anti-IVG avec le drapeau arc-en-ciel (LGBT) et l’ont constellée de bisous. Les entarteurs ont soutenu l’attaque avec leurs tartes à la crème. Au passage, Monseigneur Léonard a été béni à la chantilly. « Gloup ! Gloup ! ». Des membres de la sécurité se sont montrés particulièrement violents. Ils s’en sont pris aux LilithS et aux entarteurs qui n’ont pas répliqué à leurs coups. Ils ont ensuite ciblé les preneurs d’images en place. Plusieurs appareils photo et caméras ont été détruits très catholiquement.
 
Photos : 02 218 23 80
Contact Liliths
Tél : 0485 26 88 16.
Mail : lilithsbelgium@gmail.com
Contact Noël Godin
00 32 (0)2 218 23 80.
Mail : willeylecoyote@gmail.com

samedi 5 octobre 2013

Hêtre ou ne pas hêtre...


 

That is no more the question !

vendredi 27 septembre 2013

Bazaar België

 
 

Deux douzaines englouties et pas la moindre perle cachée sous les cils noirs de ces hermaphrodites iodés, lovés au fond de leur écrin irisé. Pourtant – encouragée par la passionnée poissonnière – Lilith n'avait pas hésité à s'adjoindre l'aide précieuse d'un champagne millésimé, connu pour ses pouvoirs magiques. 
Tant pis, ce sera l'occasion de revenir – une fois de plus – en pélerinage à la "Mer du Nord", avant de faire un pied de nez à Sainte-Catherine et d'amorcer la rude escalade des artères de la capitale du plat pays.
Ce samedi-là, Lilith n'alla pas bien loin. Elle n'avait pas encore quitté la place que son regard fut attiré par la prometteuse annonce des "100 meilleures œuvres d'art belge" selon Claude Blondeel. Abandonnant l'idée de se rendre au Musée du Slip, derrière la grand-place, elle s'engouffra dans la Centrale for contemporary art sans la moindre idée de ce qui l'attendait. 
En fait, le bazar de cet éclectique chroniqueur, écrivain et critique d'art, tient d'un cabinet de curiosités que l'on pourrait trouver chez un collectionneur anarchisant si ces vitrines n'étaient pas passées de mode : Lilith y rencontra le sombre Léon Spilliaert, l'allumé Benoît Poelvoorde, le taquin Noël Godin, entartant à l'infini un Bernard-Henri Lévy offusqué dans sa bien-pensance, le vénéré Frans Masereel, l'insignifiant Francis Alys, le malheureusement inévitable Constant Permeke, l'improbable Georges Simenon et bien d'autres…
Mais c'est au cœur de ce melting-pot artistique que Lilith découvrit les quelques perles qui n'auraient su manquer à sa balade bruxelloise : une caisse à outils géante et bariolée, débordant de kalachnikovs et autres lance-roquettes (Terrains de chasse éternels, 1990) d'un certain Patrick Van Caeckenbergh, un court-métrage de Marcel Mariën intitulé L'imitation du cinéma, daté de 1960, désopilante farce érotico-freudienne et anticléricale (pour les curieux : lire le Riche Belgique 5, Bruxelles et Gomorrhe, de l'incontournable Moine Bleu) et une appétissante "ambitieuse" de Leo Dohmen (1958), dont le pubis en fourrure léopard donne envie d'adopter une féline.
Enfin, Claude Blondeel ouvre son exposition par un hommage au satanique Félicien Rops : Novissima verba 2000, de Jacques Charlier, une inspiration photographique de la sulfureuse Pornocratès
Si sa mise en scène reste fidèle au Maître, en revanche, la disparition de l'éminence porcine est à Pornocratès ce que les 50 nuances de grey sont au divin marquis, dommage…



Néanmoins, cet hommage aura eu le mérite de faire découvrir à Lilith ces quelques lignes écrites par Rops et qui le hissent désormais au sommet de son cœur, où il tenait pourtant déjà une très bonne place :

Mon âme est enfermée dans mon corps comme un tigre affamé dans une cage en acier, et mes terribles passions rugissent comme lui. Tout le monde me paraît si petit et si pitoyable, sans aucune classe : des voyageurs de commerce, dans leur misérable érotisme.

Exposition jusqu'au 6 octobre 2013.

dimanche 22 septembre 2013

Une nouvelle religion est née !


Après ceux qui croient au Paradis au-delà de la mort ;
il y a désormais ceux qui croient à la retraite pendant la vie...

La retraite : seuls ceux qui y croient y auront droit !

dimanche 15 septembre 2013

Axiome de baise

        
 
Aiden Shaw 
« On ment beaucoup sur la beauté. Elle n’est pas relative. Elle n’est pas intérieure. Je ne parle pas du charme, de l’intelligence, de l’humour. Je parle de la fermeté des chairs, de l’harmonie des traits. Tout cela se quantifie. La beauté est arithmétique. Son pouvoir est absolu. Elle règne sur les cœurs. Sa seule vision apaise. Chacun peut s’en repaître. Elle est le maître. Quelques centimètres en plus ou en moins et nos rêves (partouzer sous coke avec Aiden Shaw, par exemple) se réalisent ou s’évanouissent… »
(Guillaume Dustan, Nicolas Pagès). 

Jean Delville, L'école de Platon
Maître en arithmétique et vénérable apôtre de l’art hermétique, Jean Delville incarne à merveille l’idée de beauté platonicienne. Lilith s’est souvent recueillie jusqu’à l’évanouissement devant son École de Platon, dont les dimensions vertigineuses nous jettent littéralement dans les bras de ses douze éphèbes aux corps lascifs. Jusqu’ici souvent déserte, la salle abritant cette œuvre permet encore une visite jalousement solitaire. Mais plus pour longtemps : à partir du 24 septembre prochain et jusqu’au 2 janvier 2014, les doux amis de Lilith se verront rejoints par une horde d’hommes nus, et ils ne bouderont sûrement pas leur plaisir…

Exposition Masculin/Masculin, l’homme nu dans l’art de 1800 à nos jours, au musée d’Orsay à Paris.

mardi 10 septembre 2013

Petite annonce


         Dame de cœur cherche homme fait de chair et de sens.



jeudi 5 septembre 2013

Gymnastique du mois

 
Août : fléchissement frivole 

Septembre : redressement productif

mardi 3 septembre 2013

Des crimes et des lits


Autant d'invitations au voyage...

samedi 31 août 2013

Tartuffe va chez son psy, mais pas aux putes !

Le diable présente la Femme au Peuple (Otto Greiner, 1898).





Nombreux désormais sont ceux qui, tout en déplorant que la psychanalyse se limite à replacer l’individu au cœur du monde marchand, n’en jettent pas pour autant l’analysant avec l’eau du bain analytique.
Il est ainsi admis que si les maux des êtres atomisés trouvent leur source dans un capitalisme mondialisé, il n’y aurait aucune raison (sauf perverse) de leur faire attendre le « matin du grand soir » pour tenter de les guérir, dès lors que la psychanalyse – par l’écoute qu’elle monnaye – pense les plaies de leurs âmes. 
La fameuse participation financière de l’analysant, donnée pour clé de la réussite de l’analyse – hormis le fait qu’elle constitue la rémunération non négligeable de l’analyste – a la force symbolique de la valeur marchande. 
Qu’on ne s’y trompe pas : l’oreille tendue n’est ni celle – bénévole – du confesseur, dont la vocation est de faire aimer son dieu, ni celle de l’ami visant à se faire aimer lui-même. 
Le rapport se limite à la durée de la consultation dont le prix se voit fixé en fonction de cette même durée, selon l’adage bien connu : « le temps c’est de l’argent ». 
La trivialité apparente du procédé semble pourtant, dans une société libérale, conjuguer tous les avantages : « La neutralité analytique (la mise hors du jeu du désir de l’analyste, la non- participation, la non-réponse) est vraiment permise par le paiement », d’après Jean ZIN (voir son Psychanalyse et capitalisme). 
Selon lui, « on peut résumer le rôle du paiement dans l’analyse à ce qu’il constitue l’analysant comme acteur et qu’il réduit le désir de l’analyste à une contrepartie universelle, renvoyant à un désir extérieur à l’analyse elle-même. Ceci signifie que l’analyste n’a pas besoin d’aimer son analysant pour l’analyser, cela n’empêche pas l’analysant de vouloir séduire son analyste, au contraire. On achète réellement une écoute, mais c’est particulier à chacun de savoir pourquoi il paye. Car l’analysant paye pour l’accès à la jouissance qu’il suppose à l’autre. » 
En ces temps de retour à l’ordre moral, avec son cortège de pudibonderies  à la tête duquel les abolitionnistes de la prostitution confondent pseudo-angélisme et féminisme, Lilith ne peut s’empêcher de faire le rapprochement entre la psychanalyse et le commerce du sexe, et partant, d’exiger pour ce dernier le même traitement que celui dont bénéficie le précédent. Si la psychanalyse, en effet, est reconnue la spécialiste des insatisfactions de l’esprit, la prostitution est sans égale pour ce qui est des insatisfactions du corps. 
Pour parvenir à la guérison de ces êtres au corps lésé, bien avant que les analystes ne découvrent les vertus du paiement, les travailleuses du sexe ont de tout temps monnayé leurs prestations.
Tout comme l’analyste, la prostituée n’a ainsi pas besoin d’aimer son client pour le soulager. Celui-ci paye – par une contrepartie universelle – « pour l’accès à la jouissance qu’il [lui] suppose » (et qu’il trouve sans doute plus certainement auprès d’elle).
On retrouve enfin également la même mise hors-jeu du désir de la prostituée, sa non-participation (elle n’embrasse pas) et sa non-réponse (elle n’est ni sexologue, ni conseillère conjugale), ce qui n’empêche pas, non plus, la possibilité pour le client de vouloir la séduire.
Si les insatisfactions sexuelles n’ont pas attendu l’avènement de l’individu pour faire des ravages, la prostitution ayant, certes, précédé de loin l’existence du capitalisme, il en va de même des échanges marchands lesquels, depuis des siècles, réifient les rapports humains. En sorte que frustration sexuelle et société marchande sont indissociables.
Jean ZIN définit la psychanalyse comme n’étant pas seulement « dans » le rapport marchand, mais comme étant la psychanalyse « du » rapport marchand, des idéaux de l’individualisme libéral. Cette pertinente analyse vaut également pour la prostitution qui n’est pas seulement un rapport sexuel marchand, mais représente avant tout, la sexualité-type « du » rapport marchand.
Dès lors, celles et ceux qui prétendent en finir avec la prostitution sans en finir avec la marchandise peuvent être considérés comme les Tartuffe de ce féminisme qu’ils feignent insidieusement de servir. Ils/Elles ne répugnent pas à ce que le corps des femmes s’use dans un salariat aliénant ou s’exhibe dans la promotion de quelque produit industriel, dans la mesure où la femme qui se vend n’en tirera pas de réel profit pour elle-même, les intermédiaires qui se nourrissent sur elle la lavant en quelque sorte de toute impureté en ne lui reversant qu’un subside. 
Mais, qu’elle s’aventure à se vendre pour son propre compte, et voilà qu’il faudrait – au nom de sa propre liberté – la défendre contre elle-même. 
L’argument qui prévaut alors est que la femme peut bien vendre « le dehors » de son corps à quelque entrepreneur bienveillant, mais pas « le dedans » à un frustré (qui, pendant ce temps-là, en plus du reste, ne produirait pas) : la chose serait par trop avilissante. 
Le plus intéressant dans tout cela est qu’aucune voix ne s’élève jamais pour jeter l’anathème sur ce vil analysant dont les bas besoins de son âme, seuls, pousseraient les analystes à devenir des victimes, contraintes pour survivre de vendre leur écoute. 
Les abolitionnistes de la prostitution pensent qu’une société tourne rond autant que ses membres payent pour se faire entendre, par d’autres dont le métier consiste à les écouter, l’écoute, l’intérêt pour un autre que soi, voire l’empathie, pouvant se monnayer absolument sainement. En revanche, la maladie d’une société se reconnaîtrait à cela qu’elle permettrait d’acheter du plaisir et d’en vendre. 
Ce mouvement, qui se veut résolument moderne et audacieux, brandissant le projet de libérer la femme de son plus vieux métier, n’est en réalité que le paravent des relents judéo-chrétiens et autres retours en force du religieux. Il ne condamne réellement que deux choses dans la prostitution : la possible autonomie de la femme dans le rapport à son corps, et le Sexe, que ces militants ne parviennent pas à débarrasser de l’odeur de soufre dont ils l’ont eux-mêmes paré. 
C’est ainsi pour le bien de prostituées forcément, nécessairement traumatisées qu’ils ont déjà prévus des cellules d’écoutes chez des psy en tous genres lesquels, en toute décence et probité, leur proposeront de s’allonger sur leur divan, et leur vendront – chèrement – leurs chastes oreilles.


Comme Lilith ne croit pas au hasard, elle ne s’étonne pas qu’au moment où le texte de Jean Zin lui tombe entre les griffes, sort sur les écrans le film de François Ozon : Jeune et Jolie.
Le lecteur et spectateur attentif y trouvera la plus délicieuse illustration du propos qui précède dans la scène où la mère de l’apprentie-prostituée, en bonne bourgeoise qu’elle est, accessoirement et pathétiquement de gauche, accompagne sa fille chez le psy, pour la guérir de sa fâcheuse manie. 
Mis à part, cependant, quelques scènes bien léchées, au cours desquelles Marine Vacth (photo ci-dessus) nous fait découvrir la beauté mélancolique du diable en pleine puberté, il s’agit là d’un film somme toute assez convenu.
Et la polémique qu’il a déclenchée, autour du fantasme supposé de la prostitution chez les femmes, démontre à quel point la police de la pensée abolitionniste est non seulement inquisitrice mais encore trivialement manichéenne : la femme ne saurait choisir la prostitution de son plein gré, elle ne saurait davantage y trouver matière à fantasmer.
CQFD.

mardi 27 août 2013

Adage avancé

 
Mieux vaut périr que guérir.

samedi 24 août 2013

Regret

Que n’ai-je, moi aussi, joui du pouvoir donné à la Femme d’enfanter des monstres…


vendredi 23 août 2013

À l'impossible - seul - je suis tenue



Je rêve d’un réveil amniotique depuis lequel je glisserais chaudement de ma nuit vers un jour accueillant. Rien ne viendrait troubler la mémoire de ce dernier songe, entre mes jambes encore si vivant.
Mes yeux embrumés soulèveraient lentement leurs persiennes sur un champ de beauté cultivé par l’amour insensé de la perfection.
La douce musique d’un quatuor de cigales, mené par une brise attentive aux prémices de mon agacement, agiterait sa baguette vers le bas, prenant sur elle le soin de faire cesser le moindre de mes froncements.
Tous les matins, immobiles et patients, m’attendraient un bateau ou un train, si l’envie me prît d’aller danser très loin, sur la ligne d’horizon… C’est simple pourtant !
Alors pourquoi faut-il qu’au lieu de tout cela, chaque fois que je suis sur le point de goûter au lever de ma plénitude, s’invitent, dans mon aube si fragile, le bruit strident d’une scie circulaire, ou pire encore, les cris et les pleurs, suivis du rire suraigu, d’un enfant ?

lundi 29 juillet 2013

Extase

Encore un été suspendue au plaisir de m’enivrer du doux parfum de tes cheveux fleuris… 

                                               photographie : L. J.

« Dans l’océan de ta chevelure, j’entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d’hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l’éternelle chaleur. » 

Baudelaire, Le spleen de Paris.

samedi 6 juillet 2013

Emeutia Erotika : sous les pavés, l'amour.

Lilith, qui se plaît à danser sur les braises, s’impatientait d’attendre qu’une nuit enfin chaude accueille la naissance de son premier livre. 
C’est chose faite. 
Hier, vendredi 5 juillet, de retour après une éternité, le soleil irradia tout le pays, et particulièrement, en début de soirée, certaine petite librairie nichée au cœur de Paris. 
Les invités – nombreux – investirent le trottoir et trinquèrent à l’envi en souhaitant longue vie au nouveau-né qui leur était présenté. 
Vers minuit, chacun repartit et Lilith se coucha, à l’aube, ravie.

 

« L’inconnu qui, l’instant précédent, avait glissé son sexe dans tous les trous de mon être, glissa cette fois sa main dans le creux de la mienne et me guida à bonne allure entre les passants de la rue. Mon tibia se réveilla douloureux cependant que mon cul et ma chatte se rappelaient progressivement ce qu’ils venaient de vivre. C’est donc grisée de sensations que j’atteignis à son bras le boulevard sur lequel passait encore la manifestation. »     

(Lilith Jaywalker, Emeutia Erotika)

Le livre sera disponible en librairie le 25 juillet prochain. 
D'ici là, il sera possible de se le procurer soit chez Entropie, au 198 boulevard Voltaire, à Paris, soit directement auprès des éditions Sao Maï.

mardi 25 juin 2013

ANI aime les sucettes, les sucettes à l'ANI...


Laurent BERGER (CFDT), signataire de l'ANI (Accord National Interprofessionnel), heureux papa de la Flexisécurité à la française !

vendredi 14 juin 2013

En vrai, tout était faux !

On peut avoir le Debord et largent du Lebovici !


dimanche 26 mai 2013

Matières premières

 
Nathalie Lemel (mosaïque de Jérôme Gulon)
Quand plus une goutte d’hydrocarbure ne sortira des entrailles exsangues de ce monde à l’agonie, il restera toujours, pour lui donner le coup de grâce, la seule énergie renouvelable qui vaille : celle des pétroleuses !

(Lilith Jaywalker)

mercredi 22 mai 2013

Immortelle Commune

Barricade de la place Blanche, défendue, pendant la Semaine Sanglante de mai 1871, par un bataillon de 120 femmes.

« En effet, rien ne meurt, tout existe toujours ; nulle force ne peut anéantir ce qui fut une fois. Toute action, toute parole, toute pensée tombée dans l’océan universel des choses y produit des cercles qui vont s’élargissant jusqu’aux confins de l’éternité. La figuration matérielle ne disparaît que pour les regards vulgaires, et les spectres qui s’en détachent peuplent l’infini. Pâris continue d’enlever Hélène dans une région infinie de l’espace. La galère de Cléopâtre gonfle ses voiles de soie sur l’azur d’un Cydnus idéal. Quelques esprits passionnés et puissants ont pu amener à eux des siècles écoulés en apparence, et faire revivre des personnages morts pour tous. »

Théophile Gautier, Arria Marcella

lundi 13 mai 2013

Confession



« J’ai tous les défauts des autres et cependant tout ce qu’ils font me paraît inconcevable. »
(E.- M. Cioran)


mercredi 8 mai 2013

Le secret de la création...

... sans sucres ajoutés !

                   photographie : Lilith Jaywalker

mardi 30 avril 2013

Costume d’Edgar

Le secret de leur succès ?

  

 
 
  
  

  


 
 



L’unique, l’indémodable, l’indispensable…
                                                  
                           Costume d’Edgar !

lundi 22 avril 2013

Guy-Ernest, poussé du côté obscur de la farce

 

Après que son œuvre est devenue Trésor National au terme d’un repas d’affaires dont nombre des convives lui auraient donné la nausée, aujourd’hui sa dépouille est parfumée au champagne d’un généreux sponsor : Louis Rœderer, grand admirateur méconnu des situationnistes, et exposée jusqu’au 13 juillet 2013 à la BNF.  What else ?

« Le mieux est un moment de l’Empire ! » 







jeudi 4 avril 2013

Orsay entre deux os

 

Quand Lilith va au musée et que le musée est loin, Lilith prend le train. Quand Lilith prend le train, elle dort à l’hôtel de la gare, en centre ville, à côté du musée.
Mais un jour, tout s’est compliqué.
C’était à Paris, donc pour Lilith ce n’était pas loin. Il y avait une gare juste devant la Seine et tout contre la gare, un grand hôtel aussi. Mais il n’y avait pas de musée. En cherchant bien, on aurait pu en trouver ou en construire un à côté. Et bien non ! Ils ont détruit les deux… pour en faire un musée !



Lilith y était et elle a tout vu : de l’extérieur, tout paraissait normal. La façade, comme un décor de quai d’un studio de cinéma, dissimulait à la vue des touristes penchés sur les bateaux-mouches, les entrailles à moitié vidées de feu la gare d’Orsay et son « hôtel des voyageurs ». Son cœur, conservé dans du formol, palpitait encore au souvenir des annonces de départs et d’arrivées des trains qui scellaient les séparations douloureuses ou les retrouvailles enflammées de tous ses amoureux transis. Patiemment lové dans son liquide amniotique, il attendait qu’un savant fou lui redonne vie.


Pour l’instant, la gare n’était qu’une carcasse traversée de poutrelles métalliques et de rais de lumière projetés sur la verrière par un blafard soleil d’hiver.


Son horloge, vue de l’intérieur, laissait découvrir un mécanisme abandonné, faisant vibrer indéfiniment une aiguille qui refusait d’avancer. Tel un cerveau dérangé qui se joue et se fout du respect de l’emploi du temps, l’horloge n’affichait plus jamais cinq heures, espérant ainsi que, tant qu’elle resterait endormie, Paris ne se réveillerait plus non plus. 
  
    
   

L’hôtel, blotti contre la gare – son protecteur – ressemblait à une vieille pute découvrant que son fringant mac d’antan et pourvoyeur de clients affairés, perdus, curieux ou désirants, était devenu une épave étripée et docile, laissant le soin au premier architecte venu de lui donner le coup de grâce. Sa liberté retrouvée, la belle tira sa révérence, en laissant derrière elle ses corridors désormais déserts et ses bidets gluants.




Les années passant, de guerre lasse, le cœur de la gare d’Orsay, dans son bocal, cessa de battre et elle mourut. Mais les fossoyeurs de Paris lui en greffèrent un autre, tout neuf sans ses souvenirs. Devenue depuis la mémoire des autres, ils ont donc fait d’elle un musée.

                                                           
                                                         photographies : Lilith Jaywalker (1985)

Bientôt trente ans que, de nouveau, les corps se frôlent et les respirations s’accélèrent en ses murs, non plus en courant après un train – aujourd’hui fantôme – mais dans ses salles et devant des œuvres des deux derniers siècles.



Les symbolistes ne s’y sont vu dédier qu’une seule salle permanente, aussi Lilith attendait-elle fébrilement que L’ange du bizarre déploie ses ailes sur la vieille gare.


Mais si Edgar Poe n’ira pas jusqu’à crier à la trahison, les vrais amateurs d’étrangetés inquiétantes resteront sur leur faim.
L’exposition consacrée au « romantisme noir » a les défauts de ses qualités : seulement trois salles sur huit où se retrouvent – comme parqués – Spilliaert, Redon, Füssli, Schwabe ou Moreau, et pour accompagner Salomé dans son exhibition de têtes coupées, une Méduse qui n’en finit plus d’être déclinée. Tout cela au milieu d’un parcours balisé et didactique qui aura néanmoins le mérite de nourrir de subtiles frustrations chez les a(in)vertis, et d’ouvrir de sombres perspectives à d’heureux néophytes.



« L’ange du bizarre », le romantisme noir de Goya à Max Ernst.
Au Musée d’Orsay du 5 mars au 9 juin 2013.