jeudi 25 décembre 2014

Il est né le divin enfin...

Hot wax, Hendrik Krönert.
... brûlons-lui un cierge !

lundi 22 décembre 2014

Grave classe

 

« Cette classe bourgeoise a des mots tout faits pour excuser ses vices. Elle appelle sa lâcheté : modération ; sa couardise : prudence ; son prosaïsme : bon sens et sa bêtise : gravité. »
(Félicien Rops)

vendredi 19 décembre 2014

Envie d'Ovidie


Ovidie, auteure, réalisatrice, actrice porno et féministe pro-sexe

Invitées par Causette à commenter la dernière diarrhée littéraire du gnome Zemmour, quelques « copines de cœur » du magasine (selon son expression) ont accepté de se farcir la Chose. Si Michelle Perrot, Brigitte Fontaine, Juliette, Brigitte Grésy et Irène Théry ont versé dans le poncif, le consensuel, ou l'outragée tétanisée par le dégoût, il en est une pour nous rappeler quelques vérités qui font plaisir à lire par les temps qui courent, ou plutôt qui reculent…

***

« Je ne suis pas surprise par ce que j'ai lu, les discours du type "tout part à vau-l'eau" ont accompagné chaque grande étape de l'émancipation féminine. L'autonomie dans la procréation, l'indépendance financière, la peur de perdre ses prérogatives, ce que les masculinistes appellent "la mort du père" avec des trémolos dans la voix... On ne peut pas demander à une partie de l'humanité de renoncer à son statut de dominant sans réticences, c'est un réflexe compréhensible, presque animal. Il ne faut pas s'affoler en pensant qu'il existerait actuellement une émergence de cette pensée masculiniste : rien de nouveau sous le soleil.
J'ai relu récemment Femmes, de Philippe Sollers, publié en 1983. C'était il y a plus de trente ans, et les idées sont exactement les mêmes, Zemmour n'a strictement rien inventé. Sollers prêchait déjà que les hommes n'étaient plus des "vrais hommes" et que les féministes étaient, en fin de compte, les plus grandes ennemies des femmes. Ce que Zemmour sous-entend également en expliquant que c'est à cause du féminisme que les femmes croulent sous les tâches ménagères et professionnelles. Le déclencheur de l'écriture de Femmes en 1983 avait été la naissance d'Amandine, le premier bébé-éprouvette. Déjà à cette époque, ils étaient terrifiés à l'idée de ne plus être indispensables dans le processus de reproduction. Aujourd'hui, c'est l'affaire du mariage pour tous qui a ravivé cette terreur. Sollers affolait les foules en parlant d'utérus artificiels, aujourd'hui Zemmour prophétise que les homosexuels vont asservir les ventres des femmes avec la GPA (gestation pour autrui). Au fond, ce dont ils ont peur, c'est qu'après avoir utilisé les graines on jette le paquet. »

(Ovidie, dans Causette n° 51, Décembre 2014).

samedi 29 novembre 2014

Robocop, le retour (testé au Testet)


Désastre écologique et bavures policières,
CARCENAC AVOUE :

« La machine est lancée et elle est trop grosse 
pour qu'on puisse l'arrêter ! »

mercredi 26 novembre 2014

Le Souverain poncif

 
« L'idée de Dieu est, je l'avoue, le seul tort 
que je ne puisse pardonner à l'homme »
(Sade)

samedi 1 novembre 2014

L'amour est plus fort que la mort




 

Cimetière du Friedhof, Munich, juillet 2014.
Photographies : Lilith Jaywalker.

lundi 6 octobre 2014

Signes extérieurs de paresse


S'il n'est pire sourd que celui qui ne veut entendre, il n'y a pas meilleur conteur que celui qui ne peut pas parler. Pour avoir assisté à l'engueulade, avec un serveur zélé, d'un groupe de sourd-muets refusant de payer une addition jugée trop chère dans un restaurant parisien, et s'apprêtant à faire basket, Lilith découvrit, ce soir-là, non seulement la capacité de bordel sonore de ces prétendus muets, mais surtout, pour n'avoir rien perdu de leur différend avec la gent commerçante, l'universalité de leur gestuelle. Chacun de leurs signes, comme autant d'évidences, lui parvenait avec le sentiment qu'elle n'aurait pas mieux dit en pareilles circonstances. Non qu'elle connût la langue des signes, mais les mains qui virevoltaient s'accompagnaient de froncements de sourcils, de bouches tordues et de sauts de cabri ne laissant nulle place au doute. C'est à cette occasion que Lilith prit conscience qu'au delà d'une langue parmi d'autres, la langue des signes est un rapport au monde particulier, émancipé de toute inhibition, bien plus que la compilation de simples gestes : un véritable mode d'expression corporelle faisant feu de tout soi.
Certains paléo-anthropologues soucieux des origines de la communication pensent qu'à la naissance de l'humanité, le recours aux signes était aussi fréquent que l'expression orale pour communiquer. S'il fut abandonné, ce serait à cause de l'impossibilité de communiquer tout en se servant de ses mains pour travailler. S'exprimer ou produire, il faut choisir ! Un motif de plus de s'intéresser à cette langue, interdite en France en 1880 pour n'être officiellement reconnue qu'en 2005.
Et pour celles et ceux qui douteraient de leur capacité à comprendre les sourd-muets, Lilith leur conseille d'aller au cinéma voir The Tribe, de Myroslav Slaboshpytskiy, un film époustouflant de deux heures douze, en langue des signes, le tout sans le moindre sous-titrage : hard corps...


lundi 15 septembre 2014

mercredi 3 septembre 2014

Réussir ses vacances, c'est s'y prendre à l'avance !

Photographie : Lilith Jaywalker

Pour 2017 ? 
Futé, tout juste rentré, 
Hollande a déjà réservé...

dimanche 31 août 2014

Do it yourself !

 
(Photographie : Lilith Jaywalker)

C’est la crise, ne laissez pas à vos proches 
la lourde charge de vos obsèques...
Faites comme moi !
Demain, j’enterre le haut !

vendredi 29 août 2014

Mise en examen : Christine Lagarde est dans de beaux draps...


Photographie : Lilith Jaywalker

Et c’est encore sa femme de chambre qui doit se taper tout le boulot !

lundi 28 juillet 2014

Cachez ce visage...

 
Mannequins voilés en vitrine, Mossoul, Irak, juillet 2014.
 
... je ne saurais voir que la Marchandise !

samedi 19 juillet 2014

La perpendiculaire du Fou

 
 
PARIS – SAMEDI 11 AOUT 1990 – TREIZE HEURES VINGT – TEMPÉRATURE EXTÉRIEURE : 37 DEGRÉS – ANTENNE 2 – ÉMISSION : ENVOYÉ SPÉCIAL – THÈME : UN MONDE A PART.

Yanovich Shakine, l'un des sujets de l'émission, a été interné deux ans dans plusieurs hôpitaux psychiatriques soviétiques pour schizophrénie avec tendances paranoïaques. Les symptômes de sa maladie ? Avoir dénoncé la corruption du directeur de la mine où il travaillait. Puis, le mal s'aggravant, s'obstiner à refuser de signer une déclaration l'engageant à ne plus « embêter les membres du comité central ». Une employée de la mine où il travaillait répondit à la question : « Que pensez-vous de lui ? » :  « C'est un homme exceptionnel, le problème c'est qu'il est seul alors qu'il faudrait des milliers de Shakine ! » Pourtant, tous ses compagnons ont signé délibérément ou sous la pression une pétition contre lui, contribuant à gonfler le dossier des psychiatres. Persécuté par l'État, enfoncé par les collabos et lâché par ses admirateurs, Shakine a continué à se battre. Sa seule faiblesse consiste à avoir déplacé l'énergie de sa révolte vers son obstination à prouver qu'il était normal, quand ses « camarades » même le renvoyaient à son isolement, donc à sa folie. Il aurait pu, en bon paranoïaque, considérer que si la soumission au travail salarié découle de l'acceptation consciente de l'aliénation, il est curieux de se servir de sa conscience pour admettre que l'on est aliéné. Le monde du salariat aurait ainsi été à ses yeux un immense asile d'aliénés où lui seul aurait été normal ! Enfin, il aurait dû admettre que le regard du pouvoir ou celui des résignés sur sa révolte, ne pouvait percevoir que l'absurdité de sa conduite, et au lieu de s'en insurger, prendre la folie pour ce qu'elle est : la meilleure des complices, la seule avec laquelle on peut toujours aller trop loin.


Élucubrations suantes inspirées par le grand prêtre cathodique

Je revendique la norme alitée, ce moment subtil où la norme se trouve envahie, puis assiégée par le trouble, le doute, la haine et tout ce qui l'épuise, au point où elle abdique et se couche. Là enfin tout commence...
Ce qui distingue un individu dans la norme et un autre désigné hors norme, n'est rien de plus que la tendance du premier à se fondre dans une majorité rassurante et un ordre établi, pendant que le second se débat dans une minorité aux objectifs plus ou moins définis. Cela pour l'asocial demeurant encore sociable et non pour l'insociable à qui il ne reste que l'atomisation de son individualité. La norme n'est autre que la loi du nombre en démocratie ou celle d'une minorité en place qui l'impose par la force. Mais dans tous les cas, elle est synonyme de pouvoir.
L'histoire regorge d'actes de barbarie, de viols, de tueries, de tortures, mais tous ces actes ne relèvent pas de la démence, quand la normalité justifie la raison d'État chez les uns ou la révolte collective chez les autres.
Les Huns des hordes d'Attila auraient sûrement brisé à coups de sabres les divans des psychanalystes : individuellement fous ? Collectivement, armée redoutée et surtout reconnue. Normal Louis XI et ses cages, sain d'esprit l'architecte de la prison de Stammheim, insensé le détenu incendiaire.
Raisonnable le bourreau appointé par l'État, fou celui qui prend son pied à regarder la vie se vider d'un corps qu'il frappe.
Normal le pilote qui balance sa bombe sur Hiroshima, malades mentaux les tueurs de petites vieilles.
Sage l'huissier persécuteur, dément le forcené qui le reçoit à coups de shotgun.
Goebbels décidait qui était juif et qui ne l'était pas. L'État décide qui est fou et c'est on ne peut plus normal. 
On découvre des prédispositions dès l'enfance : la désobéissance, l'indiscipline, l'impertinence, la rébellion devant l'injustice, la révolte antiautoritaire et déjà, face aux punitions, une seule alternative se profile : rentrer dans le rang ou réitérer. Pour celui qui récidive, le ballon du «Prisonnier» ne tarde pas à surgir. La machine met tout en oeuvre pour qu'il ressente sa différence. Elle le rendra schizophrène par sa volonté de l'isoler socialement, paranoïaque en le persécutant aux fins d'étouffer dans l'oeuf la moindre de ses velléités de révolte, et enfin psychopathe en déguisant ses goûts en perversions.
De tout temps le pouvoir s'est référé à la déraison et à l'irrationnel pour se débarrasser de ses empêcheurs de tourner en rond. La France du Moyen Age avait ses sorcières, l'URSS des années 60 a eu ses fous. Les psychiatres à la solde du KGB qualifièrent ainsi Boukovski pour avoir organisé une manifestation de protestation contre l'arrestation d'Alexandre Guinzbourg et Iouri Galanskov.
L'opposition, en URSS comme ailleurs, serait donc vraiment une maladie mentale ? 
– Certainement, car enfin ne faut-il pas être givré pour refuser des structures économiques, politiques et sociales prêtes à consommer et se prendre la tête à imaginer ce qu'on va mettre à la place ?
N'est-il pas folie de se préparer dès l'adolescence une vie d'ennemi de l'État, avec tout ce que cela implique d'emmerdements ?
Ne faut-il pas être galbé pour risquer sa liberté, quand on peut grignoter tranquillement son plateau télé ?
Ne sont-ils pas mabouls ceux qui se refusent le plaisir de s'offrir une chère petite tête blonde parce qu'ils vomissent le monde dans lequel ils vivent ?
Ce n'est pas un réflexe normal que de se révolter, si tel était le cas, les aspirations du prolétariat à se dégager de son essence ne seraient pas vaincues.
Il faut donc être fou pour vouloir en découdre et l'on cesse de l'être dès que l'on commence à rire, à savoir... plus on est de fous !

(Ce texte a été publié pour la première fois par Lilith Jaywalker, sous le pseudonyme de «Syllepse», dans le premier numéro de la revue Mordicus, en décembre 1990).
 

samedi 5 juillet 2014

Le bonheur : simple comme un coup de tête !


«Formule de mon bonheur : un oui, un non, 
une ligne droite, un but...» 
(Friedrich Nietzsche, Le crépuscule des idoles).

jeudi 3 juillet 2014

I had warned you !

Léon Spilliaert, Autoportrait au miroir (1908).

mercredi 2 juillet 2014

Don't follow me, I'm lost to...

Léon Spilliaert, Autoportrait aux masques (1903).

mercredi 18 juin 2014

Quel leurre est-il ?


Il y a de nombreuses années de cela, Lilith et quelques-uns de ses amis se plaisaient à la réalisation de revues où il était question des horreurs de ce monde et de la beauté sans faille de celui qui leur ressemblerait.
Chacun choisissait un thème, qu'il traitait seul ou en équipe selon ses envies, sa disponibilité ou son désir de s'adjoindre des compagnons de beuverie.
Lilith avait alors un cheval de bataille, qu'elle tentait de dresser sur ses deux pattes arrière, devant tous les couples de son entourage et autres copines débusqueuses de géniteurs, qui repeuplaient allègrement la planète tout en s'employant à démontrer qu'elle ne tournait pas rond. Elle avait lu, ou croyait savoir, que certains animaux sauvages refusent de se reproduire en captivité.
Forte de cet axiome de base, elle entendait faire le parallèle entre ce refus instinctif de l'animal captif et celui, délibéré, de l'ennemi du marché dans l'attente interminable que la Bourse s'effondre enfin. Sérieuse dans ses investigations, Lilith prit rendez-vous avec le Directeur du zoo de Vincennes, pour qui elle avait préparé des questions bien ciselées, décidée qu'elle était à ne pas s'en laisser conter.
La rencontre se fit par un matin d'été, juste avant que le zoo ne soit ouvert au public. Le Directeur attendit Lilith à l'entrée et ils traversèrent ensemble un parc désert de toute âme humaine.
À cette heure-là, les animaux ressemblaient à ces danseurs ou acrobates de cirque qui s'échauffent dans les coulisses, dans des tenues souples et confortables, conservant pour quelques minutes encore une allure décontractée avant de se maquiller et passer leur costume de scène.
C'est ainsi que Lilith assista à l'impressionnante érection matinale d'un éléphant d'Asie, qu'il ponctua d'un long et puissant jet d'urine capable de venir à bout du plus grand incendie de forêt. Le Directeur lui lança le sourire goguenard de celui qui n'est pas peu fier de l'effet de sa blague favorite.
Puis ils passèrent dans son bureau et tout se compliqua.
Le Directeur dit à Lilith avoir d'ores et déjà préparé leur rencontre et sortit d'un tiroir un cahier dans lequel étaient compilées les naissances des dernières années. Indépendamment des babouins et macaques, qui passent leurs journées à grimper les femelles, on y comptait des félins, des gibbons, un ours brun, un hippopotame et un - prétendu - adorable girafon.
Lilith prit un air sceptique et fut accompagnée devant chaque cage ou enclos pour constater de visu la réalité de la chose.
– Mais comment est-ce possible ? lâcha-t-elle alors. Je croyais que les animaux qui souffraient de la captivité ne se reproduisaient pas !
– C'est exact, répondit le Directeur du zoo, mais il suffit, au printemps, de modifier leur espace, de créer artificiellement les conditions qui les rassurent, d'ajouter du feuillage entre le public et l'animal, pour le plus «pudique», par exemple, ou d'éloigner les couples de la foule, pour ceux qui ont besoin de calme et de «concentration». Bref, il suffit de les leurrer, et ça marche... !
Dépitée, Lilith salua son hôte et abandonna son sujet d'écriture, se contentant, sur la question des enfants, du seul prosélytisme de son avis personnel.
Aujourd'hui qu'elle y repense, tout en observant le monde qui l'entoure, elle se dit qu'elle avait eu tort, à l'époque, de jeter son article avec l'eau du bain de la fosse aux ours. Car enfin, si le Directeur disait vrai, ce leurre, capable d'infléchir la résistance des plus irréductibles animaux sauvages, n'était-il pas le même que celui qui fait se coucher, et se soumettre, bien des révoltés ?

jeudi 22 mai 2014

vendredi 16 mai 2014

Commune pensée

 
La Colonne Vendôme, juste avant sa chute, le 16 mai 1871. 
Lilith vomit ce monde qui, entre deux colonnes brisées, redressa celle que le peuple avait pris soin de détruire…

Frida Kahlo, colonne brisée (1944)

vendredi 9 mai 2014

Beauté fatale

Félicien Rops, Coin de rue, quatre heures du matin, parodie humaine.

" Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés ! "

(Baudelaire, Une charogne)

mardi 22 avril 2014

La mesure du possible

                                                   
                              

lundi 7 avril 2014

Beauté instituts


« De même que, dans ce grand souci capital de l’État moderne, l’homme est supposé être pour tous les temps un être faible dont il faut se défier, qu’il faut retenir ou guider par des lois, dans le droit chemin, au moyen de la propriété ; de même, au point de vue de l’art et des artistes, il n’y a que les institutions artistiques qui soient une garantie de propriété de ceux-ci et de celui-là : sans les académies, les institutions et les codes, l’art nous paraît, à tout moment, devoir – pour ainsi dire – se décoller ; nous ne pouvons en effet nous figurer d’activité libre, autonome, chez les artistes. La cause en est uniquement que nous ne sommes pas, à la vérité, de vrais artistes ni surtout de vrais hommes ; et ainsi, le sentiment de notre propre incapacité et de notre bassesse, dont notre lâcheté et notre faiblesse nous rendent coupables nous-mêmes, nous rejette dans l’éternelle préoccupation de faire des lois pour l’avenir, des lois dont la contrainte fait que nous ne devenons jamais ni de vrais artistes ni de vrais hommes. »
 
(Richard Wagner, L’œuvre d’art de l’avenir)

Pour information :
À partir du 8 avril et jusqu'au 4 mai 2014 : Tristan und Isolde, à l'Opéra de Paris. Une version amniotique, sous l'égide du vidéaste Bill Viola, lui même exposé au Grand Palais du 5 mars au 21 juillet 2014

dimanche 23 mars 2014

Une journée particulière

Paris, 23 mars 1979.

« Ce qui se jouait devant moi était un véritable ballet, dont les danseurs – pourtant rares à avoir eu l’occasion de répéter ensemble – évoluaient en idéale harmonie et, faisant corps, s’invitaient au délit tout en se protégeant mutuellement. 
En admiration devant cette poésie réalisée, jaillie de leur imagination, je sentis glisser entre mes cuisses le foutre de mon amant, jusqu’ici resté en moi. 
Une forte odeur de sexe m’enveloppa, puis s’échappa pour se mêler aux effluves d’essence qui flottaient dans l’air. Je baissai les yeux vers le lieu des débordements de mon corps et quand je les relevai, il était là, devant moi, irradiant la rue de sa beauté incandescente. »

(Lilith Jaywalker, Emeutia Erotika)

samedi 15 mars 2014

Tendance : cette année, l’aliénation se porte très près du corps !

Affiche de Femmes en luttes (2014)
Le féminisme résulte de la prise de conscience d’une exploitation spécifique des femmes, « sexe faible », par les hommes, « sexe fort ». Dès lors, toutes les femmes sont victimes de cette exploitation et, du point de vue de l’ex-MLF, toutes ces exploitées étaient des sœurs.
Sauf que si toutes les femmes sont égales face à l’exploitation masculine, certaines sont moins égales que d’autres face à l’exploitation capitaliste. Et ce, tout simplement parce qu’être femme n’est pas une position de classe.
C’est sur cet axiome de base que des féministes, dans les années 70, fondèrent un groupe de femmes désireux de porter la contradiction aux féministes bourgeoises qui, certes, oeuvraient pour la libération des femmes, mais trop souvent se satisfaisaient d’avancées qui n’étaient réelles que pour leur classe, quand elles ne se contentaient pas de vouloir libérer la seule femme libérale. Il en fut ainsi du combat pour la gratuité de la contraception et de l’avortement, comme du fait que nous n’attendions notre salut pas plus d’un uniforme de flic ou de militaire que d’un fauteuil de parlementaire ou de chef d’entreprise.
Ce groupe s’appelait Femmes en Lutte, et animait une revue du même nom, qui relayait le discours et les actions de ces femmes engagées tout à la fois dans le féminisme et la lutte de classe.
Aujourd’hui, si les femmes des sociétés occidentales ont gagné en autonomie, la vermine patriarcale et sexiste n’est toujours pas éradiquée. Elle l’est d’autant moins que la question du religieux s’invite plus que jamais dans toutes les strates de la société, et quand il s’agit d’opprimer les femmes ou de persécuter les pédés, les religions monothéistes se lèvent – d’un seul Homme – dans un front commun contre tout ce que le monde compte de salopes et de tantouzes (confère le succès œcuménique de la Manif pour tous). Alors, que, dans ce contexte, des féministes aient voulu reprendre le flambeau de Femmes en Lutte pour se démarquer du féminisme libéral, c’est une bonne nouvelle. Ce qui l’est moins, c’est que si elles déplorent volontiers l’acceptation consciente de l’aliénation des prolos, précaires et autres sans papiers, qui n’entreraient pas en révolte au profit d’une soumission passive, en revanche, elles revendiquent l’acceptation consciente de l’aliénation des femmes qui se soumettent volontairement au diktat masculin, en portant sur leur tête le symbole de leur domination sexuelle, au seul motif que ces femmes, le plus souvent issues de l’immigration et banlieusardes, seraient – pour ce qui les concerne – soumises à une domination de classe de nature à occulter celle des hommes. 
Grave erreur d’analyse que celle qui s’inscrit dans un présent éternel, oublieux du fait que le sexisme, comme la haine des homosexuel(le)s, bien plus archaïques que l’économie de marché, trouvèrent toujours leur socle – avant tout – sur des dogmes religieux, et que si les Femmes en Lutte des années 70 associaient leur féminisme à la lutte des classes, elles n’en étaient pas moins exigeantes et radicales quant à leurs revendications spécifiques.
Les Femmes en Lutte d’aujourd’hui partent du postulat selon lequel l’Islam étant le plus souvent la religion des pauvres et des immigrés, la défense de ceux-ci passe nécessairement par une tolérance, voire une complaisance vis à vis des pratiques religieuses, même les plus restrictives de liberté, sous peine d’être suspecté d’ « islamophobie », de fascisme, et/ou de racisme. 

Ce postulat occulte non seulement le fait que la religion – opium du peuple – se retrouve aussi souvent chez d’autres pauvres, cathos ou juifs, tous aussi enclins à opprimer les femmes et à casser du pédé, et que l’athéisme n’est pas la phobie d’une religion, mais la négation de toutes les religions. Mais – surtout – que l’on ne peut, sous peine d’inconséquence – destinée à une éternelle inconsistance – prétendre s’inscrire dans la lutte des classes en oubliant qu’une société sans classe est une société sans maître, et qu’une société sans maître est une société sans dieu.

Couverture de Femmes en lutte (1976)

samedi 8 mars 2014

Les Flammes au foyer d'Harlan County


Harlan County, USA (1976) est un film superbe de Barbara Kopple sur la grève des mineurs du Kentucky qui dura treize mois (en 1973-74).
                       

" La musique country (les chants des mineurs) ponctue tout le film, mais le plus beau de tous les chants est celui inventé par les femmes du piquet de grève, bâton à la main (pour certaines, armes à feu dissimulées), alors que l’ensemble des grévistes armés d’une façon ou d’une autre se préparent à affronter la bande des porte-flingues. Le chant des femmes s’amplifie, le country devient chœur antique : "Nous ne bougerons pas / comme l’arbre attenant la rivière / Nous ne bougerons pas…", leitmotiv inlassablement tenu, tandis qu’ont lieu des discussions avec un shérif, jusqu’à ce que les briseurs de grève lâchent prise, sans qu’aucun coup de feu ne retentisse. Le country est devenu déclaration politique - poème de surcroît." 

(Extrait de Trop tôt, trop tard, Tout va bien, Harlan County, Les temps modernes, Rosetta, The Big One et quelques autres…, par  Élisabeth Boyer dans La figure ouvrière).

Pour en savoir plus, cliquer ICI et aller directement au passage sur le film concerné.


samedi 1 mars 2014

Désobéissance si vile

Matthias Grünewald, retable d'Issenheim (détail).
" Dans  cette révolution, il nous faudra réveiller le diable chez le peuple et exciter en lui les passions les plus viles."

(Bakounine, Dieu et l'État).

mardi 25 février 2014

Anniversaire


Fille au masque de mort, Frida Kahlo (1938).


Voici tout juste un an que Lilith sévit ici-même, pour son plus grand plaisir, et comme elle est partageuse….

lundi 17 février 2014

Le jeu des cinq familles

(Reportage, investigations et cascades : Lilith Jaywalker)
S’il est une chose qui manquait à Paris pour rendre la ville aux piétons, à n’en pas douter c’était bien de nouveaux clous.
En ces temps – immémoriaux et néanmoins interminables – où le porte-monnaie du pécore/prolo/précaire/chômeur et autres joyeusetés, ne vaut guère plus qu’une capote usagée oubliée au fond d’une poche, nombre d’entre nous allons « au clou » pour y déposer nos riens précieux contre une poignée d’euros prêtés à un taux d’usurier.
Mais si d’aucuns s’y rendent à reculons, en rasant les murs, tête baissée, les bourgeois parisiens – quant à eux – doivent pouvoir les traverser fièrement avant d’enfourcher leur vélib.
Un petit coup de neuf s’imposait donc.
Après avoir hiérarchisé les priorités et longuement hésité sur les budgets à sacrifier, la Mairie, courageuse, trancha ce nœud gordien. Elle gratifia pour l’occasion une brigade d’urbano-designers ès création de lien social et autres vivre-ensemble, piètres plagiaires de Roadsworth (peut-être, d’ailleurs, comme lui, ex-graffeurs reconvertis)…
Ces heureux élus, au terme de quelque brainstorming encocaïné, en vinrent à nous pondre ceci :

 

 


 

 

De quoi nous faire écraser dix fois avant de n’avoir jamais compris (sauf à carburer à la même dope qui, tout compte fait, semble plutôt hallucinogène), et résoudre ainsi, d’un coup d’un seul – à moindre frais – les épineuses questions du mal-logement, du manque de places en crèche et de la surpopulation aux heures de pointe dans les transports en commun...

 

Un grand merci – donc – à la Maison du petit vélo dans la tête !

vendredi 14 février 2014

La victoire suprême du coeur

Il n'y a pas de force supérieure à la force collective des hommes ;
Il n'y a rien de plus digne d'amour que la collectivité des hommes.
Ce n'est que par la force suprême de l'amour que nous mériterons la vrai Liberté, 
car il n'y a de vraie Liberté que la Liberté commune à tous les hommes.

(Richard Wagner, Art et climat, 1850)