dimanche 23 mars 2014

Une journée particulière

Paris, 23 mars 1979.

« Ce qui se jouait devant moi était un véritable ballet, dont les danseurs – pourtant rares à avoir eu l’occasion de répéter ensemble – évoluaient en idéale harmonie et, faisant corps, s’invitaient au délit tout en se protégeant mutuellement. 
En admiration devant cette poésie réalisée, jaillie de leur imagination, je sentis glisser entre mes cuisses le foutre de mon amant, jusqu’ici resté en moi. 
Une forte odeur de sexe m’enveloppa, puis s’échappa pour se mêler aux effluves d’essence qui flottaient dans l’air. Je baissai les yeux vers le lieu des débordements de mon corps et quand je les relevai, il était là, devant moi, irradiant la rue de sa beauté incandescente. »

(Lilith Jaywalker, Emeutia Erotika)

samedi 15 mars 2014

Tendance : cette année, l’aliénation se porte très près du corps !

Affiche de Femmes en luttes (2014)
Le féminisme résulte de la prise de conscience d’une exploitation spécifique des femmes, « sexe faible », par les hommes, « sexe fort ». Dès lors, toutes les femmes sont victimes de cette exploitation et, du point de vue de l’ex-MLF, toutes ces exploitées étaient des sœurs.
Sauf que si toutes les femmes sont égales face à l’exploitation masculine, certaines sont moins égales que d’autres face à l’exploitation capitaliste. Et ce, tout simplement parce qu’être femme n’est pas une position de classe.
C’est sur cet axiome de base que des féministes, dans les années 70, fondèrent un groupe de femmes désireux de porter la contradiction aux féministes bourgeoises qui, certes, oeuvraient pour la libération des femmes, mais trop souvent se satisfaisaient d’avancées qui n’étaient réelles que pour leur classe, quand elles ne se contentaient pas de vouloir libérer la seule femme libérale. Il en fut ainsi du combat pour la gratuité de la contraception et de l’avortement, comme du fait que nous n’attendions notre salut pas plus d’un uniforme de flic ou de militaire que d’un fauteuil de parlementaire ou de chef d’entreprise.
Ce groupe s’appelait Femmes en Lutte, et animait une revue du même nom, qui relayait le discours et les actions de ces femmes engagées tout à la fois dans le féminisme et la lutte de classe.
Aujourd’hui, si les femmes des sociétés occidentales ont gagné en autonomie, la vermine patriarcale et sexiste n’est toujours pas éradiquée. Elle l’est d’autant moins que la question du religieux s’invite plus que jamais dans toutes les strates de la société, et quand il s’agit d’opprimer les femmes ou de persécuter les pédés, les religions monothéistes se lèvent – d’un seul Homme – dans un front commun contre tout ce que le monde compte de salopes et de tantouzes (confère le succès œcuménique de la Manif pour tous). Alors, que, dans ce contexte, des féministes aient voulu reprendre le flambeau de Femmes en Lutte pour se démarquer du féminisme libéral, c’est une bonne nouvelle. Ce qui l’est moins, c’est que si elles déplorent volontiers l’acceptation consciente de l’aliénation des prolos, précaires et autres sans papiers, qui n’entreraient pas en révolte au profit d’une soumission passive, en revanche, elles revendiquent l’acceptation consciente de l’aliénation des femmes qui se soumettent volontairement au diktat masculin, en portant sur leur tête le symbole de leur domination sexuelle, au seul motif que ces femmes, le plus souvent issues de l’immigration et banlieusardes, seraient – pour ce qui les concerne – soumises à une domination de classe de nature à occulter celle des hommes. 
Grave erreur d’analyse que celle qui s’inscrit dans un présent éternel, oublieux du fait que le sexisme, comme la haine des homosexuel(le)s, bien plus archaïques que l’économie de marché, trouvèrent toujours leur socle – avant tout – sur des dogmes religieux, et que si les Femmes en Lutte des années 70 associaient leur féminisme à la lutte des classes, elles n’en étaient pas moins exigeantes et radicales quant à leurs revendications spécifiques.
Les Femmes en Lutte d’aujourd’hui partent du postulat selon lequel l’Islam étant le plus souvent la religion des pauvres et des immigrés, la défense de ceux-ci passe nécessairement par une tolérance, voire une complaisance vis à vis des pratiques religieuses, même les plus restrictives de liberté, sous peine d’être suspecté d’ « islamophobie », de fascisme, et/ou de racisme. 

Ce postulat occulte non seulement le fait que la religion – opium du peuple – se retrouve aussi souvent chez d’autres pauvres, cathos ou juifs, tous aussi enclins à opprimer les femmes et à casser du pédé, et que l’athéisme n’est pas la phobie d’une religion, mais la négation de toutes les religions. Mais – surtout – que l’on ne peut, sous peine d’inconséquence – destinée à une éternelle inconsistance – prétendre s’inscrire dans la lutte des classes en oubliant qu’une société sans classe est une société sans maître, et qu’une société sans maître est une société sans dieu.

Couverture de Femmes en lutte (1976)

samedi 8 mars 2014

Les Flammes au foyer d'Harlan County


Harlan County, USA (1976) est un film superbe de Barbara Kopple sur la grève des mineurs du Kentucky qui dura treize mois (en 1973-74).
                       

" La musique country (les chants des mineurs) ponctue tout le film, mais le plus beau de tous les chants est celui inventé par les femmes du piquet de grève, bâton à la main (pour certaines, armes à feu dissimulées), alors que l’ensemble des grévistes armés d’une façon ou d’une autre se préparent à affronter la bande des porte-flingues. Le chant des femmes s’amplifie, le country devient chœur antique : "Nous ne bougerons pas / comme l’arbre attenant la rivière / Nous ne bougerons pas…", leitmotiv inlassablement tenu, tandis qu’ont lieu des discussions avec un shérif, jusqu’à ce que les briseurs de grève lâchent prise, sans qu’aucun coup de feu ne retentisse. Le country est devenu déclaration politique - poème de surcroît." 

(Extrait de Trop tôt, trop tard, Tout va bien, Harlan County, Les temps modernes, Rosetta, The Big One et quelques autres…, par  Élisabeth Boyer dans La figure ouvrière).

Pour en savoir plus, cliquer ICI et aller directement au passage sur le film concerné.


samedi 1 mars 2014

Désobéissance si vile

Matthias Grünewald, retable d'Issenheim (détail).
" Dans  cette révolution, il nous faudra réveiller le diable chez le peuple et exciter en lui les passions les plus viles."

(Bakounine, Dieu et l'État).