lundi 28 juillet 2014

Cachez ce visage...

 
Mannequins voilés en vitrine, Mossoul, Irak, juillet 2014.
 
... je ne saurais voir que la Marchandise !

samedi 19 juillet 2014

La perpendiculaire du Fou

 
 
PARIS – SAMEDI 11 AOUT 1990 – TREIZE HEURES VINGT – TEMPÉRATURE EXTÉRIEURE : 37 DEGRÉS – ANTENNE 2 – ÉMISSION : ENVOYÉ SPÉCIAL – THÈME : UN MONDE A PART.

Yanovich Shakine, l'un des sujets de l'émission, a été interné deux ans dans plusieurs hôpitaux psychiatriques soviétiques pour schizophrénie avec tendances paranoïaques. Les symptômes de sa maladie ? Avoir dénoncé la corruption du directeur de la mine où il travaillait. Puis, le mal s'aggravant, s'obstiner à refuser de signer une déclaration l'engageant à ne plus « embêter les membres du comité central ». Une employée de la mine où il travaillait répondit à la question : « Que pensez-vous de lui ? » :  « C'est un homme exceptionnel, le problème c'est qu'il est seul alors qu'il faudrait des milliers de Shakine ! » Pourtant, tous ses compagnons ont signé délibérément ou sous la pression une pétition contre lui, contribuant à gonfler le dossier des psychiatres. Persécuté par l'État, enfoncé par les collabos et lâché par ses admirateurs, Shakine a continué à se battre. Sa seule faiblesse consiste à avoir déplacé l'énergie de sa révolte vers son obstination à prouver qu'il était normal, quand ses « camarades » même le renvoyaient à son isolement, donc à sa folie. Il aurait pu, en bon paranoïaque, considérer que si la soumission au travail salarié découle de l'acceptation consciente de l'aliénation, il est curieux de se servir de sa conscience pour admettre que l'on est aliéné. Le monde du salariat aurait ainsi été à ses yeux un immense asile d'aliénés où lui seul aurait été normal ! Enfin, il aurait dû admettre que le regard du pouvoir ou celui des résignés sur sa révolte, ne pouvait percevoir que l'absurdité de sa conduite, et au lieu de s'en insurger, prendre la folie pour ce qu'elle est : la meilleure des complices, la seule avec laquelle on peut toujours aller trop loin.


Élucubrations suantes inspirées par le grand prêtre cathodique

Je revendique la norme alitée, ce moment subtil où la norme se trouve envahie, puis assiégée par le trouble, le doute, la haine et tout ce qui l'épuise, au point où elle abdique et se couche. Là enfin tout commence...
Ce qui distingue un individu dans la norme et un autre désigné hors norme, n'est rien de plus que la tendance du premier à se fondre dans une majorité rassurante et un ordre établi, pendant que le second se débat dans une minorité aux objectifs plus ou moins définis. Cela pour l'asocial demeurant encore sociable et non pour l'insociable à qui il ne reste que l'atomisation de son individualité. La norme n'est autre que la loi du nombre en démocratie ou celle d'une minorité en place qui l'impose par la force. Mais dans tous les cas, elle est synonyme de pouvoir.
L'histoire regorge d'actes de barbarie, de viols, de tueries, de tortures, mais tous ces actes ne relèvent pas de la démence, quand la normalité justifie la raison d'État chez les uns ou la révolte collective chez les autres.
Les Huns des hordes d'Attila auraient sûrement brisé à coups de sabres les divans des psychanalystes : individuellement fous ? Collectivement, armée redoutée et surtout reconnue. Normal Louis XI et ses cages, sain d'esprit l'architecte de la prison de Stammheim, insensé le détenu incendiaire.
Raisonnable le bourreau appointé par l'État, fou celui qui prend son pied à regarder la vie se vider d'un corps qu'il frappe.
Normal le pilote qui balance sa bombe sur Hiroshima, malades mentaux les tueurs de petites vieilles.
Sage l'huissier persécuteur, dément le forcené qui le reçoit à coups de shotgun.
Goebbels décidait qui était juif et qui ne l'était pas. L'État décide qui est fou et c'est on ne peut plus normal. 
On découvre des prédispositions dès l'enfance : la désobéissance, l'indiscipline, l'impertinence, la rébellion devant l'injustice, la révolte antiautoritaire et déjà, face aux punitions, une seule alternative se profile : rentrer dans le rang ou réitérer. Pour celui qui récidive, le ballon du «Prisonnier» ne tarde pas à surgir. La machine met tout en oeuvre pour qu'il ressente sa différence. Elle le rendra schizophrène par sa volonté de l'isoler socialement, paranoïaque en le persécutant aux fins d'étouffer dans l'oeuf la moindre de ses velléités de révolte, et enfin psychopathe en déguisant ses goûts en perversions.
De tout temps le pouvoir s'est référé à la déraison et à l'irrationnel pour se débarrasser de ses empêcheurs de tourner en rond. La France du Moyen Age avait ses sorcières, l'URSS des années 60 a eu ses fous. Les psychiatres à la solde du KGB qualifièrent ainsi Boukovski pour avoir organisé une manifestation de protestation contre l'arrestation d'Alexandre Guinzbourg et Iouri Galanskov.
L'opposition, en URSS comme ailleurs, serait donc vraiment une maladie mentale ? 
– Certainement, car enfin ne faut-il pas être givré pour refuser des structures économiques, politiques et sociales prêtes à consommer et se prendre la tête à imaginer ce qu'on va mettre à la place ?
N'est-il pas folie de se préparer dès l'adolescence une vie d'ennemi de l'État, avec tout ce que cela implique d'emmerdements ?
Ne faut-il pas être galbé pour risquer sa liberté, quand on peut grignoter tranquillement son plateau télé ?
Ne sont-ils pas mabouls ceux qui se refusent le plaisir de s'offrir une chère petite tête blonde parce qu'ils vomissent le monde dans lequel ils vivent ?
Ce n'est pas un réflexe normal que de se révolter, si tel était le cas, les aspirations du prolétariat à se dégager de son essence ne seraient pas vaincues.
Il faut donc être fou pour vouloir en découdre et l'on cesse de l'être dès que l'on commence à rire, à savoir... plus on est de fous !

(Ce texte a été publié pour la première fois par Lilith Jaywalker, sous le pseudonyme de «Syllepse», dans le premier numéro de la revue Mordicus, en décembre 1990).
 

samedi 5 juillet 2014

Le bonheur : simple comme un coup de tête !


«Formule de mon bonheur : un oui, un non, 
une ligne droite, un but...» 
(Friedrich Nietzsche, Le crépuscule des idoles).

jeudi 3 juillet 2014

I had warned you !

Léon Spilliaert, Autoportrait au miroir (1908).

mercredi 2 juillet 2014

Don't follow me, I'm lost to...

Léon Spilliaert, Autoportrait aux masques (1903).