dimanche 5 juillet 2015

Le sot dans l'inconnu

 
Solidarity for ever ! Le vrai LGSM en tête de la Gay Pride (Londres, 1985).

Hier, la soirée était chaude et Lilith avait envie de fraîcheur. Elle s'installa devant une bonne bière et un DVD : Pride, qui lui firent un bien fou. Une semaine plus tôt, Paris avait vu défiler une Gay Pride consumériste et sponsorisée qui, année après année, perd un peu de sa superbe.
Pride, c'est une histoire de pédés et lesbiennes qui décident d'apporter leur soutien financier (11 000 £ au total !) aux mineurs en grève sous l'ère Thatcher, au Pays de Galle, en 1984. Et c'est une histoire vraie... À quelques un(e)s, ils fondèrent le LGSM (Lesbians and Gays Support Minors) sur une idée simple : les lesbiennes et les gays subissent le mépris, l'oppression et la répression du gouvernement et de sa police ; les mineurs aussi, alors, soutenons-les ! Pride raconte l'épopée du débarquement de ces aliens dans une salle de bal de Dulais, village choisi au hasard sur une carte routière, après s'être fait raccrocher au nez par bon nombre de sections syndicales de mineurs à la simple évocation de leur sigle. Ce film de  Matthew Warchus est un véritable concentré de sensations, fait d'audaces, d'engagements politique, d'amours, de luttes. On rit, on pleure, et à nouveau on vit, et on se rappelle que faire l'Histoire ne tient pas à grand-chose...
C'est comme ça qu'après un accueil glacial, au fil des mois, de véritables amitiés se scellèrent entre les membres du LGSM et les mineurs, leurs mères, leurs femmes, leurs soeurs, le comité de soutien des grévistes, et que plus rien ne resta comme avant. Un an plus tard, une caravane d'autocars chargés à craquer de mineurs vint – à son tour – soutenir les Pervers (nom dont les avait affublés la presse locale), et des centaines de mineurs, en grande pompe, section par section, avec drapeaux et banderoles du syndicat, prirent la tête de la Gay Pride, à Londres, en 1985...

Aujourd'hui, dimanche 5 juillet 2015, il fait, à Paris, aussi chaud qu'hier, et Lilith a encore envie de fraîcheur. De celle, comme la veille, que l'on perçoit quand l'espoir d'une alternative à ce monde existe, celle qui laisse la place aux idées et ne nous fige pas dans ce présent oppressant, qui se voudrait éternel. Alors, ce soir elle espère que le NON l'emportera en Grèce, et nous apportera cet air frais qui nous manque... Cet air dont tous les technocrates ont peur : ce "saut dans l'inconnu" (dixit ce fromage fondu de Hollande, qui a bel et bien oublié que pour en finir avec la monarchie absolue, d'autres, en leur temps – et Lilith leur en sait gré – ont sauté dans l'inconnu).
Alors, à tous ceux qui partagent cette peur du NON : qu'ils se rassurent, ce ne pourra être que du bonheur : soudain, un inconnu vous offre des fleurs !
Bread and roses...

La " bataille d'Orgreave " (South-Yorkshire, 1984)

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